Paris vaut bien un mec ?

Publié le par Journal d'une fille avertie

89vj4e1p.jpgIl y a quelques mois je quittais ma province natale et je m’envolais  pour la capitale, bien décidée à faire saigner le cœur des parisiens. Je sillonais déjà les boulevards du 5ème et du 6ème à la recherche d’un mini-Sartre qui m’accompagnerait brûler soutien gorge et petite cultotte devant la Sorbonne.  Aussitôt débarquée, je me lançais donc dans l’analyse du « Parigo » lamba.  Et, après les avoir longuement passés au crible, je me rendais compte qu’ils étaient très différents des spécimens que j’avais eu l’habitude de fréquenter sur la Côte d’Azur. Première divergence : le physique. Un « Kéké » (homme du Sud ridicule, présomptueux et  vantard) consacre généralement la plupart de son temps à entretenir une  musculature inexistante. Il passe ses matinées dans la chambre qu’il a lui-même aménagé  en salle de sport (deux bouteilles d’eau en guise d’haltères et un vélo d’appartement délabré hérité d’une mère accro à TéléShopping…il en faut peu pour être heureux !) avant de s’enfermer pendant des heures dans la salle de bain pour une séance d’ épilation du torse, des aisselles et des jambes. Après quoi, il gomine généreusement le peu de cheveux qu’il lui reste pour un effet mouillé très réussi (adèptes de la coupe côtés-tondus-dessus-poilu, repoussez vos limites, lancez-vous dans la queue de rat ! ). Au contraire, le « Parigo », s’efforce de cultiver son anorexie. Il ne sort pas sans avoir vérifié que la mèche de cheveux qui lui cache les trois-quarts du visage lui cache bien les trois-quarts du visage et il peine à faire repousser les cheveux qu’il ne coiffe jamais (…De la complexité du coiffé-décoiffé  naturel chez les parisiens des années 2010).
Deuxièmement, le style vestimentaire. Qu’il pleuve, qu’il vente ou qu’il neige, le « Kéké » arbore toujours très fièrement ses lunettes Aviator (voire le masque Ray-Ban…Mais qu’en penserait Karl ?!). Il aime se balader dans un t-shirt souvent très moulant et très échancré, qu’il a toujours tord d’associer à des boucles d’oreilles un poil trop clinquante (ou très élégamment appelées « diam’s »). A l’opposé, un « Parigo » ne sortira ses Wayfarer qu’en cas d’ensoleillement majeur. Il voue un culte tout particulier à son blouson en cuir The Kooples qu’il ne porte toujours qu’avec un slim noir taille XXS (pour un style très rebelle-rockeur…vous l’aurez évidemment compris). D’ailleurs, le « Parigo » fait généralement partie d’un groupe de musique qu’il a monté avec ses supers-copains du lycée, suivant le modèle des Rolling Stones… ou des BB Brunes. Et,  alors qu’un « Kéké » tient absolument à nous faire partager son enthousiasme en augmentant de manière très inconvenante le volume de son autoradio, le « Parigo », préfère toujours  nous faire partager son ennui et son mécontentement à peine descendu de son Vespa.
Enfin, il est essentiel de noter qu’un « Parigo » est, par principe, toujours fauché : le prix du café à « Saint Ger » est toujours trop élevé et les fins de mois sont toujours très difficiles (naturellement… quand on vient d’une famille d’aristocrates qui a hérité d’un duplex dans le 16ème,, ce n’est pas facile tous les jours). Au contraire, dans le Sud, phénomène inverse : des prolétaires essayent chaque jour un peu plus de nous faire croire à un pseudo-héritage caché en dépensant toutes leurs économies dans une paire de chaussures Gucci et dans un magnum de Dom Pérignon …
Au final, j’avais quitté beaufs et bronzés-en-février pour des métrosexuels rabougris et aigris ! Sous le soleil ou sous la pluie, un homme sera toujous un homme! Moi qui rêvais d’étudiants survoltés,  de baisers Place de l’Hotel de Ville  et de minis Charles-Henri, j’allais encore une fois devoir m’armer de patience…après tout, l’homme parfait habite peut être dans la Creuse…

Publié dans Chroniques

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